Les dons d’organes augmentent au Canada, mais ne suivent pas le rythme de la demande

Une nouvelle étude de l’ICIS souligne le fait que le Canada doit prélever davantage d’organes à des fins de transplantation

Le 22 décembre — Au cours de la dernière décennie, la disponibilité des organes prélevés a augmenté de 28 % au Canada. Cette hausse ne suit toutefois pas le rythme des demandes d’organes. Une nouvelle étude publiée aujourd’hui par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) révèle que plus de 1 000 Canadiens ont fait un don d’organe en 2008, par rapport à 812 en 1999. Les résultats de l’étude indiquent une augmentation de la demande d’organes en raison du nombre de Canadiens souffrant d’une insuffisance organique et des progrès de la médecine qui permettent de prolonger la vie de ces patients.

L’étude de l’ICIS, intitulée Dons d’organes au Canada de 1999 à 2008, a permis de constater un écart croissant entre l'offre et la demande en ce qui concerne les transplantations rénales. Au cours des 10 dernières années, le nombre de transplantations rénales au Canada a diminué par rapport au nombre de patients souffrant d’insuffisance rénale. En 2008, six transplantations rénales par 100 années-patients de dialyse ont été pratiquées comparativement à huit en 1999. Les Canadiens au stade terminal de l’insuffisance rénale (ou souffrant d’insuffisance rénale) sont énéralement traités en dialyse en attendant qu’un rein soit disponible aux fins de transplantation. La dialyse est un traitement de l’insuffisance rénale qui consiste à purifier le sang et à éliminer les impuretés et l’excès d’eau.

« Notre étude indique que la hausse du nombre de dons de reins au cours des 10 dernières années, bien que considérable, ne permet pas de satisfaire à la demande », déclare Jean-Marie Berthelot, vice-président des programmes à l’ICIS. « Cette situation est en partie attribuable à l’augmentation de l’incidence de l’insuffisance rénale liée au diabète au Canada. Le taux d’obésité étant à la hausse au pays, le nombre de nouveaux patients au stade terminal de l’insuffisance rénale associée au diabète a presque doublé au cours de la dernière décennie, passant d’environ 1 000 nouveaux cas en 1996 à près de 1 900 en 2008. »

Les donneurs vivants représentaient plus des deux tiers de l’augmentation des organes disponibles aux fins de transplantation, mais le taux de donneurs décédés n’a pas augmenté aussi rapidement

Le nombre de donneurs vivants, qui excède le nombre de donneurs décédés depuis huit ans, représente 69 % de l'augmentation du nombre de donneurs d'organes au cours des 10 dernières années. Un donneur vivant ne peut fournir qu’un seul organe ou une partie d’organe (foie ou poumon), et les organes de donneurs vivants sont le plus souvent utilisés pour les transplantations rénales. Pendant la période d’étude, la plus grande augmentation relative de l’utilisation d’organes de donneurs vivants a été constatée au chapitre des transplantations hépatiques partielles. Or, le taux d’organes provenant de donneurs décédés n’a pas augmenté aussi rapidement. Un donneur décédé peut fournir jusqu’à six organes aux fins de transplantation. Cependant, 3,6 organes par donneur décédé ont été transplantés en moyenne en 2008. « Le besoin d’organes transplantables n’a jamais été aussi grand », explique le Dr John Gill, professeur agrégé de médecine à l’Université de la Colombie-Britannique, Division de la néphrologie du St. Paul’s Hospital de Vancouver. « Le don d’organes et de tissus devrait être proposé à tous les patients qui décèdent dans les hôpitaux canadiens et devrait constituer une composante essentielle des soins en fin de vie. »

« En 2008, on dénombrait 492 donneurs décédés, un chiffre étonnamment faible compte tenu du nombre, bien inférieur aux normes internationales, de décès admissibles qui surviennent au pays annuellement », affirme le Dr Sam Shemie, directeur médical (dons), Organes et tissus, Société canadienne du sang.
« Les personnes qui décèdent à la suite de lésions cérébrales catastrophiques, par exemple un trauma ou un accident vasculaire cérébral, représententgénéralement la proportion la plus importante de donneurs décédés au Canada. Étant donné que les taux de mortalité attribuables à ces lésions ont diminué, les services hospitaliers doivent redoubler d’efficacité dans l’identification et la gestion des donneurs afin d’accroître le nombre de transplantations. Les politiques de santé publique visant à encourager les gens à manifester leur intention de devenir donneurs d’organe contribueront aussi à améliorer la situation. »

L’an dernier, environ 215 Canadiens sont décédés alors qu’ils étaient en attente d’une transplantation d’organe.

Les donneurs vivants sont généralement des membres de la famille et augmentent en âge

L’étude de l’ICIS a révélé que les donneurs vivants sont généralement des membres ou des amis de la famille ayant un lien étroit avec les receveurs. Les parents par le sang représentaient près des deux tiers (64 %) des donneurs vivants en 2008 et les conjoints, 16 %. Par ailleurs, un donneur vivant sur six (17 %) n’avait aucun lien de parenté avec le receveur.

L’étude de cette année indique également une augmentation de l’âge moyen des donneurs vivants du Canada. Bien que la plupart des donneurs vivants aient moins de 55 ans, l’augmentation la plus marquée (61 %) du nombre de donneurs vivants a été observée chez les 55 ans et plus.

Les innovations technologiques modifient la portée du don d’organes

Bien que la plupart des organes soient prélevés après que le patient soit considéré en état de mort cérébrale, c’est-à-dire que le décès neurologique a été constaté, quatre provinces

(Colombie-Britannique, Ontario, Québec et Nouvelle-Écosse) prélèvent maintenant des organes aux fins de dons à la suite d’un décès cardiaque. Le décès cardiaque est défini comme l’absence irréversible des fonctions circulatoires et respiratoires. Le nombre de dons d’organes à la suite d’un décès cardiaque, bien qu’il soit à la hausse, demeure faible. En 2008, le taux de donneurs à la suite d’un décès cardiaque était de moins de 10 %.

« Nous observons une augmentation du nombre d’organes donnés, ainsi que des changements dans les caractéristiques démographiques des donneurs et les innovations technologiques qui mènent au don d’organes à la suite d’un décès cardiaque », déclare Claire Marie Fortin, gestionnaire des registres cliniques à l’ICIS.

À propos de l’ICIS

L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) recueille de l’information sur la santé et les soins de santé au Canada, l’analyse, puis la rend accessible au grand public. L’ICIS a été créé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en tant qu’organisme autonome sans but lucratif voué à la réalisation d’une vision commune de l’information sur la santé au Canada. Son objectif : fournir de l’information opportune, exacte et comparable. Les données que l’ICIS rassemble et les rapports qu’il produit éclairent les politiques de la santé, appuient la prestation efficace de services de santé et sensibilisent les Canadiens aux facteurs qui contribuent à une bonne santé.

- 30 -

Personne-ressource :

Benoit Laplante
613-694-6603
Cell. : 613-725-4076
[email protected]