Une muséologue dans un hôpital

Peut-être l’avez-vous déjà croisée, peut-être viendra-t-elle cogner à votre porte. Elle s’appelle Karine Raynor, elle est muséologue et historienne de l’art, et elle travaille pour le CUSM. Cela vous semble étrange? Vous seriez étonné de savoir que l’ensemble des bâtiments qui composent le Centre universitaire de santé McGill est un capharnaüm regorgeant d’objets qui racontent l’histoire de ces institutions.

Karine répertorie œuvres d’art, archives, photos, documents audiovisuels, antiquités médicales, mobiliers et textiles qui ont une certaine valeur historique ou artistique. Ces trouvailles feront l’objet d’une stratégie de mise en valeur du patrimoine lors de l’installation du CUSM dans le nouvel hôpital afin que la communauté puisse en profiter.

L’objectif de tout ce travail est, d’une part, de faciliter l’accès aux œuvres et objets qui composent les collections du CUSM afin de faire connaître l’histoire des hôpitaux et de la médecine à Montréal du 19e siècle à nos jours et, d’autre part, d’améliorer la qualité de l’environnement du CUSM pour ses employés, ses patients et ses visiteurs.

Les découvertes que Karine a faites jusqu’à présent sont surprenantes. Par exemple, à l’Hôpital général, on trouve une toile du peintre James Wilson Morrice. L’HME, lui, héberge un tableau de Sir Frederic Grant Banting, médecin et scientifique canadien, codécouvreur de l’insuline et lauréat du prix Nobel de physiologie ou de médecine (partagé avec John MacLeod) en 1932, et ami de A. Y. Jackson du Groupe des Sept. L’histoire voudrait que Banting ait failli se consacrer à la peinture… Heureusement pour les diabétiques qu’il a poursuivi en médecine! Bien que la plupart de ces toiles se trouvent dans des bureaux, certaines œuvres d’art, comme la sculpture de la Reine Victoria à l’HRV, sont déjà exposées.

Outre les œuvres d’art, il existe aussi des objets qui retracent l’évolution de la médecine à Montréal, comme le prototype de machine à dialyse en acier inoxydable datant des années 1950, mesurant près de 1,5 mètre de long et dont le tambour d’origine était en bois, qui se trouve à l’Hôpital Royal Victoria. À l’époque, cette machine était utilisée tous les deux jours pendant sept heures! À l’Institut thoracique de Montréal, on a retrouvé des photos prises lors d’une épidémie de tuberculose.

C’est un véritable travail de moine qu’accomplit Karine depuis 2008 en faisant du porte-à-porte et en répondant aux appels de certaines personnes qui croient détenir un objet de valeur artistique ou patrimoniale. « Des gens ont pensé à l’occasion qu’ils se devaient de conserver certains objets, et c’est grâce à eux que ces objets ont été préservés et peuvent maintenant faire partie de la collection », dit celle qui semble avoir un plaisir fou à démêler tout ça.

Une fois que Karine aura répertorié tous les objets selon un système de classement propre à la muséologie, les objets seront exposés. Bien qu’aucun plan d’exposition ou programmation définitive n’ait encore été déterminé, il a été convenu que les objets seront exposés en rotation dans divers endroits de l’hôpital, tels que les couloirs, les salles d’attente et les unités de soins, afin que le plus de gens possible puissent en profiter. D’ici là, si vous croyez avoir en votre possession un objet qui semble digne de faire partie du patrimoine, n’hésitez pas à contacter Karine par courriel à l’adresse [email protected].